Chronique sur la DEPRESSION

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la DEPRESSION

Je croise tout au long de ma  journée des vies différentes. Certaines me touchent plus que d’autres.
Elle s’appelle Sarah, elle a 30 ans, elle est belle. Elle est commerciale dans une PME et n’a jamais connu de grosses difficultés. Elle s’est mariée l’année dernière, c’était le plus beau jour sa vie ! Elle a le projet de faire un bébé cette année avec l’homme de sa vie.
Je pose quelques mots, lui fais quelques remarques : elle craque subitement devant moi… Sarah se ment. Le jour, elle se ment.
La dépression est son amie. Elle le sait.
La vie est moche et elle se sent morte. Cela ne se voit pas de l’extérieur, rien, mais elle est morte. Depuis un moment, peut-être depuis toujours qui sait.
Dedans il y’a elle, puis toute sa douleur.
Dans sa tête tout se bouscule. Le jeu des maux qui s’entremêlent. Elle voudrait tout leur dire, tout ce qu’elle garde au fond d’elle, et qui moisit, en bas de son ventre comme un dépôt. C’est ça, elle a un dépôt au fond de son ventre. Alors, à 4H du mat, elle prend un stylo et écrit. Elle écrit sa douleur, pour se soulager, un peu.  Mais demain, elle ne sait même pas si elle pourra relire ses lignes, car au jour, sa douleur se travestit. Ses écrits lui semblent stupides. Mais la nuit, elle est seule dans sa Tête. Elle lui parle en boucle, elle la  saoule en continu, elle est si fatiguée de l’entendre me dit elle…
Le jour, elle essaie de crier, mais personne ne veut écouter. Parfois elle crie plus fort, mais  on la calme vite pour ne pas faire de bruit.
Les gens la tuent de leur silence.
Sarah fait partie de ces personnes à qui semble tout sourire, et qui peuvent même susciter convoitise. Et pourtant, seule, la nuit, ou au le matin, le matin c’est toujours très dur, elle se laisse aller à sa vérité.
Elle est dépressive. Le simple mot lui fait honte.
Ce mal-être creuse partout, même ou on ne l’attend pas. Je le compare à un alien qui peut se lover dans la tête et dans le ventre de tout être humain. Souvent j’entends dire : « je préférais avoir un cancer, je serais plus comprise. Le cancer, lui, on le voit et on le guérit»…
Je suis toujours aussi étonnée de la puissance de cette maladie qui enlève la lueur dans les yeux, et qui accroche un sourire forcé.
La dépression prend tout, elle peut être partout, attaquer n’importe qui.
J’en fais mon cheval de bataille.
Julie THE

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